Daniel Ducharme

marcelproust

À l'automne 1977, alors que je débutais des études en philosophie à l'Université du Québec à Montréal, j'ai fait la connaissance d'un camarade de classe. Il devait avoir une bonne quinzaine d'années de plus que moi. Je crois qu'il m'appréciait beaucoup, sans doute un peu trop aussi parce que, craignant un dérapage, je me suis éloigné de lui par la suite. Nous avions l'habitude de nous asseoir ensemble à la cafétéria du pavillon Reed, rue Saint-Alexandre à l'ouest de Bleury. Il m'entretenait de ses lectures et de ses intérêts, notamment pour les Rose-Croix. Je n'ai jamais adhéré à ce mouvement ésotérique mais, en revanche, j'ai débuté la lecture de Proust comme il me l'avait suggéré. Cet homme s'appelait Louis. Le temps s'avère parfois d'une cruauté sans nom car je n'ai gardé aucun souvenir de lui. J'ignore ce qu'il est devenu, j'ignore même s'il est toujours en vie aujourd'hui. Il m'a invité à lire Proust parce que, selon lui, son œuvre laisse une impression durable chez ceux qui le lisent avec ferveur.

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En toute chose, la question du pourquoi est la première à se poser. Je sais, des scientifiques à la pelle vous diront qu’il vaut mieux se concentrer sur le comment parce que, le pourquoi, on n’en sort jamais… Et il est vrai qu’on ne sort jamais du pourquoi des choses… mais un véritable scientifique, un chercheur digne de ce nom, ne peut évacuer cette question, même s’il ne parvient pas à en fournir une explication satisfaisante. Dans le domaine du pourquoi, les questions importent plus que les réponses. À ce sujet, Heidegger emploie le qualificatif de « digne » en parlant des questions dignes d’être posées contrairement à celles qui ne le seraient pas ou, si vous préférez, le seraient moins… Même dans le domaine de la pensée il faut choisir ses combats, établir ses priorités.

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