Récemment Pierre T, un ami de longue date – et un voisin depuis que je suis revenu vivre dans le quartier –, m'a texté pour m'apprendre la mort de Michel P, un ami commun. Michel , je ne le voyais plus beaucoup ces dernières années, même s'il habitait toujours à Pointe-aux-Trembles dans la maison de sa belle-mère. Parfois, le samedi, je le croisais à la place de l'église, un parc au bord du fleuve, dans ce quartier qu'on appelle toujours le village entre nous. Chacun sur nos vélos, nous discutions un peu – essentiellement de musique. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, j'étais allé chez lui pour qu'il m'enseigne les rudiments d'un logiciel de musique par ordinateur. “Pas si longtemps” signifie quelques années en langage de vieux, vous savez…
Je suis à la bibliothèque du quartier, un havre de paix quand je ressens le besoin de sortir de la maison. Pendant que j'écris quelques mots sur ma tablette, voilà que je reçois un message de Suzanne L***, une amie que j'ai fréquentée pendant mes études d'histoire à l'université. Dans un message succinct, plutôt abrupt même, elle me demande de la retirer de la liste d'envoi de mon blogue. Et elle termine par un “bonne année” que je juge déplacé, à la limite de l'offense, comme si je l'avais vu l'avant-veille. J'avoue que ça m'a déçu, car nous avions une bonne relation pendant ces quelques années de jeunesse. Après, la vie a repris son cours : mariage, enfants (dont un très malade), divorce, etc.
J'ai toujours maintenu des relations avec les gens qui ont partagé ma vie à un moment donné ou à un autre de mon existence. Il est facile pour moi de le faire car je suis un homme de l'écrit. Malheureusement, beaucoup de gens n'aiment pas écrire et, quand on disparaît de leur espace visuel, la relation s'arrête. Même avec certains de mes très bons amis, je n'ai jamais réussi à maintenir des relations épistolaires. Ils n'écrivaient pas, sans doute parce que le geste même d'écrire les aurait obligés à s'arrêter, à prendre un moment dans leur journée agitée. Je ne sais pas. Chacun son mode de vie, chacun sa vie.