Mort de Paul Laurendeau
Ne me demandez pas pourquoi, mais je n'arrive pas à m'exprimer sur la mort de Paul Laurendeau, mon ami, mon camarade, depuis une cinquantaine d'années. Pourtant, je suis assez doué pour écrire sur les morts, sur la mort en général. Mais là je n'y arrive pas sans que j'en comprenne bien la raison. Je vais néanmoins essayer de lui rendre hommage, mais je vous préviens d'avance : ça ne sera pas le meilleur billet de blogue que j'aurais écrit dans ma vie.
Avec la mort soudaine de Paul Laurendeau le 2 mai dernier, j'ai perdu un ami, certes. Un de plus. Mais j'ai surtout perdu un collaborateur essentiel des vingt dernières années. En effet, en 2005, Paul a rejoint l'équipe du premier site d'ÉLP, appelée à l'époque Écouter Lire Penser, puis en 2009, celle de ÉLP éditeur dont il est un membre fondateur avec Pierre Rivet et Allan E. Berger. L'équipe d'ÉLP s'est enrichie par la suite de Carolle Gagné, d'Aline Jeannet (Suisse) et de Perrine Andrieux (Belgique). Ensemble, nous nous enorgueillissions d'être un des premiers éditeurs numériques de la Francophonie, aux côtés de Publie.net et de NumérikLivres. Une maison transatlantique 100% numérique comme nous nous plaisions à le dire. Avec les années, les choses ont changé, plusieurs ont quitté le navire, mais Paul, Allan E. et moi avons tenu jusqu'au bout, publiant près de cent cinquante titres en quinze ans.
La mort de Paul Laurendeau laissera un grand vide dans mon existence. Comment pourrait-il en être autrement ? Paul et moi nous nous écrivions chaque jour, voire plusieurs fois par jour, depuis vingt ans. Nous échangions sur les affaires courantes d'ÉLP éditeur, bien entendu, mais aussi sur un grand nombre de sujets : écriture, édition, diffusion, blogging, politique, philosophie, etc. Parmi tous les ouvrages qu'il a publiés chez ÉLP, Je suis un intellectuel demeure mon préféré, car c'est le plus authentique, le plus mûr, le plus abouti. Il s'agit d'un essai que tous ceux qui se sentent interpellés par la notion d'intellectualité sociale devraient lire.
Nous nous écrivions tous les jours, donc. Ma boîte de messagerie est bien vide depuis ce vendredi de mai, jour où – contre sa volonté – il a sauté à pieds joints dans le Grand Néant. Le corps a décidé de s'arrêter là où l'esprit continuait à bouillonner, multipliant les projets d'écriture, d'édition, de formation, et j'en passe. Ainsi, Paul Laurendeau, l'homme qui écrivait plus vite que son ombre, comme nous nous amusions à le qualifier, n'est plus.
Et on aura bien du mal à vivre sans lui.
Daniel Ducharme : 2025-05-30 Mots-clés : #amitié #édition #existence #littérature #nécrologie
Quelques liens concernant Paul Laurendeau :
- Fiche d'auteur de Paul Laurendeau sur ÉLP éditeur.
- Le Carnet d'Ysemgrimus, son blogue personnel qu'il tenait depuis plus de quinze ans sur WordPress.
- Ce que traduire veut dire, un billet que je lui ai consacré sur mon blogue principal pour rendre hommage à ses talents de traducteur littéraire.