Chaque jour suffit sa peine. Qu'est-ce que cela veut dire, cette expression ? Sans doute qu'on ne peut pas planifier quoi que ce soit, car personne ne sait ce qui nous attend demain. Cela peut vouloir dire aussi qu'on ne voit pas au-delà du quotidien. L'une ou l'autre de ces interprétations confine l'individu à la résignation, à la tristesse. Tant que je vivrai, je veux planifier, je veux rêver. Bref, je veux faire des projets, unique façon de vivre de l'homme à l'esprit créatif. Et pour Albert Camus, le projet reste aussi le moyen le plus sûr, bien que fragile, pour échapper à l'absurdité de l'existence.
Qu’est-ce que ça signifie être de gauche au 21e siècle ? Karl Marx est loin derrière nous et, paradoxalement, Lénine encore plus. Compte tenu que le prolétariat ne représente plus qu’une infime partie de la population, il devient difficile de répondre à cette question. Et ça se complexifie davantage quand on évoque les anarchistes, car plusieurs d’entre eux sont passés à droite à la fin des années 1960, aux côtés de ceux qui prônent la liberté contre l’État.
Suis-je en panne sérieuse de créativité ? Est-ce que je commence à penser que, en raison de mon âge (de plus en plus avancé, disons-le, il ne sert plus à rien de gribouiller des mots sur des pages d’écran ? Comme si, en tant que vieux, je n’avais plus ma place en ce monde. Comme si je devais mourir avant le temps, comme être mort avant de mourir, comme le chantait Jean-Pierre Ferland (1934-2024) dans la chanson Qu'est-ce que ça peut bien faire?. Si je n’ai plus de place en ce monde, alors que me reste-t-il ? Quel espace est-il dévolu à un vieux quand celui-ci n’a pas envie de faire des voyages organisés ou de fêter ses noces de diamant ? Une série de questions auxquelles je devrais répondre si je veux continuer à écrire, à lire, à marcher… à vivre, quoi !
J'ai toujours maintenu des relations avec les gens qui ont partagé ma vie à un moment donné ou à un autre de mon existence. Il est facile pour moi de le faire car je suis un homme de l'écrit. Malheureusement, beaucoup de gens n'aiment pas écrire et, quand on disparaît de leur espace visuel, la relation s'arrête. Même avec certains de mes très bons amis, je n'ai jamais réussi à maintenir des relations épistolaires. Ils n'écrivaient pas, sans doute parce que le geste même d'écrire les aurait obligés à s'arrêter, à prendre un moment dans leur journée agitée. Je ne sais pas. Chacun son mode de vie, chacun sa vie.
Ce soir-là, je pris le bus 23 qui montait lentement une rue, en serpentant, jusqu’en haut d’une côte. Tout en haut, un terminus autour duquel il n’y avait rien. Quelques bâtiments fouettés par le vent, c’était tout. Au loin, du côté opposé à la route, on pouvait apercevoir les bâtiments plats d’un quartier industriel partiellement éclairé. « Que suis-je venu faire ici ? », me demandais-je. Je n’en savais foutrement rien. Mais il ne faisait aucun doute que je voulais rentrer chez moi, ne sachant toujours pas pourquoi j’étais venu me fourrer dans ce guêpier, dans ce coin sinistre, si loin des quartiers centraux de la ville.
Aujourd'hui, j'écoutais Luc Ferrandez à la radio, dans une émission qu'il coanime avec Nathalie Normandeau, une ancienne ministre qui a occupé un poste important dans le gouvernement libéral de Philippe Couillard il y a une douzaine d'années. Après sa disgrâce (elle a été inquiétée dans les suites de la Commission Charbonneau), elle est devenue animatrice et, ma foi, elle est plutôt sympathique dans ce rôle. Certes, on sent la libérale en elle… mais ses analyses s'équilibrent bien avec celles de Luc Ferrandez qui, décidément, s'avère aussi très bon dans ce métier d'animateur radiophonique. Avant, j'écoutais toujours les chaînes de Radio-Canada, mais depuis quelque temps, j'ai commencé à écouter Cogeco Média qui, en dépit des publicités qui polluent parfois ses ondes, offre un discours moins politiquement correct, plus nuancé, je dirais, et parfois imprévisible, alors que je sais déjà, avant même qu'ils n'ouvrent la bouche, ce que vont dire les animateurs de Radio-Canada. Et de ça, je commence à en avoir marre, surtout quand ils abordent les enjeux à l'échelle internationale.
Nous sommes arrivés en 2025, à moins de deux mois de mon anniversaire de naissance, cette fête qui fera de moi, de plus en plus, une vieille personne. Quand j'en avais huit, voire dix-huit, jamais je n'aurais imaginé ma vie à un âge aussi avancé. En fait, se voir dans une personne âgée est presque impossible pour une jeune personne. Certes, elle a conscience qu'elle avance en âge, sans pourtant visualiser son corps qui se dégrade au point de constituer une entrave à l'action, à la mobilité, voire à la réalisation de certaines activités, pourtant toutes simples... Même un simple projet devient difficile à formuler. Je n'en suis pas, remarquez… mais ça ne saurait tarder.
Je lis beaucoup, du moins c'est ce que je croyais… car le rythme a diminué ces dernières années. En 2024, j'ai lu quarante-sept ouvrages. Des essais, des nouvelles et des romans, dont quelques uns relèvent des genres suivants : roman policier, science-fiction et fantastique. Je continue à lire des classiques français de la littérature, notamment La Comédie humaine de Balzac qui m'accompagne depuis plusieurs années. En 2025, j'aimerais peut-être reprendre ma lecture de Proust. Quels sont les romans qui m'ont le plus marqués en 2024 ? J'en retiens deux : Leçons de l'écrivain britannique Ian McEwan, et Poussière dans le vent de Leonardo Padura, un auteur cubain, normalement versé dans le roman policier, mais qui a fait une exception en écrivant ce roman, une véritable ode à l'amitié. Une bonne amie a lu Leçons sous ma recommandation : cette lecture l'a ennuyée… Cela démontre encore une fois, même s'il ne fallait pas nécessairement le démontrer, que les sensibilités littéraires peuvent varier en fonction du sexe du lecteur, de sa culture, de son âge, etc.