J'aime lire
Plusieurs lectures en cours : Le liseur de Bernhard Schlink, le huitième tome de La roue du temps de Robert Jordan, Biographie de la faim d'Amélie Nothomb, et un ouvrage sur l'hindouisme par Bernard Baudoin. La lecture occupe une place centrale dans ma vie, c'est évident. Je ne saurais l'imaginer sans lecture. D'ailleurs, je n'ai jamais oublié mon passage à Nairobi (Kenya) en février 1990 alors que je n'avais plus de livre à lire… Comme j'étais malheureux ? J'ai parcouru les rues de la ville à la recherche d'une librairie susceptible de vendre des livres en français, mais en vain... Le lendemain, j'ai dû faire un interminable trajet en avion – plus de quinze heures de vol avec des arrêts dans plusieurs aéroports africains, si ma mémoire est bonne – sans rien à me mettre sous les yeux… Aussitôt arrivé à Abidjan, je me suis précipité dans une librairie pour me procurer deux ou trois ouvrages, de gros livres de la collection Bouquins chez Robert Laffont. J'avais une telle soif de me replonger dans la lecture…
Il est clair que je ne pourrais pas vivre sans lire. Et je ne comprends pas les gens qui ne lisent pas. Quelle tristesse… Mais peut-être qu'eux-mêmes me jugent triste aussi, justement parce que je passe plusieurs heures par jour, assis dans un fauteuil avec un livre ou une liseuse à la main. Peut-être trouvent-ils que ma vie est sans intérêt, que ma vie est plate… Plus jeune, je me souviens d'une amie qui ne cessait de me dire que je passais à côté de ma vie, que j'avais toujours l'esprit dans d'autres mondes, dans des espaces temporels qui n'ont rien à voir par ce qui se passe “ici et maintenant”. Je répondais toujours, en cela très proustien, qu'il valait mieux rêver sa vie que de la vivre… Avait-elle tort, mon amie, de me reprocher mon apparente inactivité ? Des dizaines d'années plus tard, je crois que sincèrement que oui, car la lecture m'a fait découvrir des mondes dont elle ne soupçonne même pas l'existence. Dans ma vie oisive, je suis allé à Moscou en 1880, en Corée en 1951, au Japon en 1682, en France dans les années les plus créatrices de la société occidentale, soit entre 1871 et 1914. Où est-elle allée, elle ? En Floride ? À Cuba ? J'y suis allé bien avant la Révolution de Fidel Castro…
Mais ceux et celles qui n'aiment pas lire ont leur raison. Après tout, tout se justifie, le meilleur comme le pire. Qui sommes-nous pour se juger les uns les autres ? Une personne qui passe plusieurs heures par jour à façonner des objets décoratifs est-elle moins importante, moins intéressante, voire moins humaine, qu'un grand lecteur ? Comme il est difficile d'affirmer certaines choses sur un ton péremptoire, d'afficher des convictions solides envers et contre tous ! Pourquoi suis-je toujours animé par le doute ? Je suis un homme de sable, on me l'a déjà dit, et cette fois avec raison.
J'aime lire, donc. Que ceux et celles qui ne s'adonnent pas à la lecture puissent trouver leur équilibre.
Daniel Ducharme : 2025-11-14 Catégorie : Existence Mots-clés : #lecture #littérature #modedevie